Troisième partie

Culture

Le CPME a reconnu la nécessité d’un inventaire des expositions sur la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions organisées depuis 1985 (documents en annexe).

Cet inventaire montre que l’intérêt pour la création d’expositions sur la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions se manifeste d’abord hors de métropole, et cela même si les moyens manquent. Selon les informations recueillies, sur la période 1985-2004, la Martinique et la Réunion auraient organisé environ huit expositions d’envergure, la Guadeloupe six et la Guyane quatre.

En France métropolitaine, les expositions sur ce thème de l’esclavage semblent toujours liées à la façon dont les villes organisatrices de la traite négrière assument ce passé. Cela explique que la plupart de ces expositions sont initiées par des associations qui parviennent à mobiliser les municipalités.
Les expositions sont organisées à partir de dates phares. La première date de 1985, à l’occasion du tricentenaire de la publication du Code Noir. Le bicentenaire de la Révolution française, en 1989, a été l’occasion d’autres initiatives. L’année 1992 est marquée par l’exposition incontournable « Les Anneaux de la mémoire », organisée au château des ducs de Bretagne de Nantes. Cet événement demeure le plus important par sa durée (deux ans), son envergure, son originalité et son impact. En effet, une exposition d’une telle dimension n’avait jamais pris place en France et, qui plus est, dans un ancien port négrier. Jean Breteau de l’association Les Anneaux de la mémoire, déplore à ce titre que « certaines villes en [soient] encore au stade de l’amnésie ou de la censure ; d’autres, telle Saint-Malo, se perçoivent comme des villes corsaires et non négrières » (propos recueillis par la revue Historia ).

L’année 1998 (commémoration des cent cinquante ans de l’abolition de l’esclavage) est la quatrième date phare. Les expositions « Le Combat contre l’esclavage, une conquête permanente de la dignité » (Sénat) et « Tropiques métis » (musée national des Arts et Traditions populaires), qui eurent lieu à Paris, semblent avoir été les seules en métropole à atteindre une certaine envergure. Il faut en effet se tourner vers la Guadeloupe pour l’exposition « 1848, une aube de liberté », vers la Martinique pour « Esclavage, apogée et effondrement d’un système » et vers la Réunion pour « Regards croisés sur l’esclavage ». L’exposition à Bordeaux « Regards sur les Antilles, une collection éclectique de Marcel Châtillon », fut un événement unique dans cette ville, ancien port négrier, qui possède pourtant des collections concernant l’esclavage. Indiquons aussi les initiatives de la Bretagne et des Pays de Loire, parmi les plus actives en métropole, avec les expositions « Justice et esclavage en Basse Bretagne de 1750 à 1850 ». En 2003, le bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture a été l’occasion d’expositions avec l’effort de la Région Franche-Comté, notamment de la ville de Pontarlier. Cette même année, le musée d’Aquitaine de Bordeaux inaugurait une nouvelle présentation de ses collections concernant les Antilles, tandis qu’une exposition avait lieu sur le vaudou à l’abbaye de Doualas, dans le Finistère. En 2004, année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition et bicentenaire d’Haïti, plusieurs expositions et colloques furent organisés, soutenus notamment par l’Unesco.
Durant toutes ces années, plusieurs autres manifestations ont été organisées par des associations qui, le plus souvent, ont eu recours principalement à des panneaux d’informations. L’action positive des CRDP doit être soulignée.
Des plasticiens contemporains consacrent leur travail artistique à l’esclavage. Mentionnons l’effort de manifestations annuelles comme Lire en fête ou Étonnants voyageurs qui, si elles dédient leurs programmations principalement à la littérature, s’intéressent de près aux questionnements liés à l’esclavage et aux façons de les présenter au public.

En résumé, beaucoup reste encore à faire pour mettre sur pied des expositions nourries des réflexions croisées des chercheurs et pour présenter des artefacts et des œuvres susceptibles de retenir l’attention du public le plus large.

Le CPME a rencontré le ministre de la Culture et de la Communication le 6 janvier 2005. À cette occasion, il a sollicité son aide sur les points suivants :

- l’inventaire par la Direction des Musées de France dans les collections nationales et régionales des objets relatifs à la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions, et un état des lieux des musées et monuments ;
- l’inventaire par les Archives nationales des archives de la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions, qui serait ensuite publié sous forme de « Guide des sources sur la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions » ;
- la mise en œuvre d’un programme national de collecte des archives familiales et privées relatives à la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions en sollicitant leurs propriétaires ;
- la participation à la création d’un Centre national pour l’Histoire et la Mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions ;
- la participation à la commémoration annuelle de l’abolition de l’esclavage en France métropolitaine.


 

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